L'islamisme prend d'assaut l'Algérie, société et institutions. Contrairement aux années 1990 où il agissait à visage découvert, il est aujourd’hui plus sournois et plus dangereux. En effet, lentement mais sûrement, il est en train d'investir les institutions de l'État qu'il transforme patiemment en maquis islamistes jonchées de mines qui vont inévitablement exploser, l'une après l'autre, au visage de la république dans les mois et les années à venir.
Les islamistes réussissent cette opération de phagocytage progressif de l'État pour deux raisons principales. La première tient à la fragilité des institutions qui, gangrenées par plus d'un demi-siècle de corruption, d’impunité, de manque de liberté et d'incompétence, ont fini par céder devant l'autoritarisme comme seul et unique levier de gestion du pays, terrain où les islamistes sont champions. La deuxième raison est l'absence totale des forces démocratiques dans les institutions et dans la société. En jouant systématiquement la politique de la chaise vide, en boycottant toutes les élections et en inscrivant l'ensemble de leurs revendications dans une perspectives aléatoire de changement radical du système, les démocrates algériens ont fini par, d'un côté, s'effacer de la scène politique et des quelques tribunes où ils campaient dignement jusque-là le rôle de lanceurs d'alertes et de digue morale face à la clochardisation de l'État et, de l'autre, par laisser le terrain vide devant le rouleau compresseur de l'islamisme.
Pour empêcher cette mise à mort programmée de l'État algérien et éviter son enlisement – irréversible à terme – dans les ténèbres de l’islamisme, deux choses s'imposent : la réunification de ce qui reste du camp des démocrates et le réarmement démocratique de la société en vue de prendre part activement à tous les débats qui se tiennent en Algérie et pour préparer l'ensemble des échéances électorales à venir. Laisser le pays sombrer dans la nuit islamiste est un crime inexpiable qui hantera longtemps la conscience algérienne.