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POUR BOUALEM SANSAL par A.Ingrachen

POUR BOUALEM SANSAL  par A.Ingrachen
POUR BOUALEM SANSAL
Boualem Sansal est un ami fidèle, un voisin généreux, un livre sincère, une défi majeur face aux capitulations morales du monde, une promesse de liberté, un démenti cinglant de tous les dogmes, une religion humaniste, une lucidité en mouvement... Je l'aime pour ce qu'il est résolument et courageusement et pour tout ce qu'il n'est pas contre vents et marées. Le mettre en prison, c'est faire affront à son parcours, son histoire, son dévouement à la vie et aux causes humanistes, c'est faire affront à sa féconde poésie, sa proverbiale humilité, la désarmante sincérité de ses colères. Excellent économiste et mathématicien, il était professeur et chercheur à Boumerdes. Il vivait discrètement en regardant la mer ; il n'a jamais rêvé de gloire et de renommée ; elles sont venues vers lui et il s'en est accommodé. Sans morgue ni fausse modestie. C'est Réda Malek, grande figure de la révolution algérienne et membre de la délégation du GPRA à Evian, qui était alors Chef du Gouvernement, qui va le sortir de l'anonymat. A cette époque, prise en tenailles entre une crise économique endémique et des violences islamistes épidémiques, l'Algérie était au bord du gouffre. Boualem venait de publier un livre sur " la dette extérieure" aux éditions de Office des publications universitaires à Alger. Intéressé par ce livre, le Chef du gouvernement demande à voir l'auteur pour lui donner son avis sur la dette algérienne et la manière de la gérer. Après un entretien fort fructueux, Reda Malek propose à Boualem de faire partie de la délégation gouvernementale qui allait négocier le reéchelonnement de la dette algérienne auprès du FMI. Une fois cette mission terminée avec succès, Boualem est nommé comme cadre au ministère de l'industrie, puis du commerce avant de tomber dans le collimateur des islamistes qui ont tout fait pour le mettre à la porte. C'est dans cette conjoncture que Boualem s'est mis à écrire " comme on enfile une tenue de combat"; il était conscient de la difficulté de l'entreprise mais il était prêt à tout, y compris à mourir, ce qui ne l'effrayait guère. Ayant compris que l'islamisme est le frein le plus irréductible à l'émancipation de l'Algérie et, plus globalement, du monde, il a décidé de faire de sa vie un duel intégral contre cette idéologie du néant. Aujourd'hui, les islamistes de tous bords ne lui pardonnent pas d'avoir levé le voile sur leur mécanique meurtrière et ils veulent se venger de lui en l'humiliant. Mais ils ont déjà échoué et ils échoueront à chaque fois qu'ils essayeront car Boualem a un pouvoir magique dans le regard : celui que lui confère la littérature. Pour toutes ces raisons et pour des milliers d'autres que j'ignore, j'aime Boualem comme j'aime le pain et le café et je l'aime aussi fort que je hais ses bourreaux et la prison où ils l'ont mis.
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