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𝐄𝐓 π’πˆ π‹β€™π€π‘π‘π„π’π“π€π“πˆπŽπ 𝐃𝐄 𝐒𝐀𝐍𝐒𝐀𝐋 πŽπ”π•π‘π€πˆπ“ π„ππ…πˆπ 𝐋𝐄 𝐃𝐄𝐁𝐀𝐓 ?

𝐄𝐓 𝐒𝐈 𝐋’𝐀𝐑𝐑𝐄𝐒𝐓𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐒𝐀𝐍𝐒𝐀𝐋 𝐎𝐔𝐕𝐑𝐀𝐈𝐓 𝐄𝐍𝐅𝐈𝐍 𝐋𝐄 𝐃𝐄𝐁𝐀𝐓 ?
Un rappel sur une vérité générale. Les nationalistes trop bruyants en temps de paix sont ceux qui prolongent les guerres qu’ils n’ont pas faites. L’histoire enseigne que la surenchère verbale post-conflit est, d’une façon ou d’une autre, un aveu de culpabilité. J’ai connu Boudiaf, Ait Ahmed, Bentobbal, Omar Boudaoud, M’hamed Yazid, Mostefa Lacheraf, Djamila Bouhired, Zina Harraigue, Fettouma Ouzegane, Mohand Said Mazouzi, Omar Oussedik, Reda Malek, Yacef Saadi, le commandant Azzedine, le colonel Boudnider, le colonel Khatib, Djoudi Attoumi, paix à leur âme, et d’autres dirigeants ou cadres qui ont déclenché ou orgnaisé par la suite le mouvement de la Libération nationale. Je n’ai entendu aucun de ces patriotes dire qu’il fallait perpétuer la guerre mémorielle avec la France. Ayant accompli leur devoir en temps opportun, eux avaient la conscience tranquille. Ils pouvaient établir des relations horizontales avec l’ennemi d’hier. Un de mes amis me disait récemment que pour faire la paix, il faut avoir fait la guerre. Et ceux qui cachent leur fuite et leur démission au moment des combats par des exaltations belliqueuses sur les plateaux de télévision ou des invectives sur le net ignorent les affres des champs de bataille.
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Revenons à l’arrestation de Boualem Sansal. Il semble qu’il lui soit reproché d’avoir tenu des propos concernant le tracé des frontières entre l’Algérie et le Maroc à la veille de la colonisation. D’un point de vue factuel, Sansal est dans l’erreur quand il dit que tout l’ouest algérien appartenait au Maroc avant 1830. Tlemcen et Oran étaient sous administration turque et Abdelkader avait guerroyé contre les Ottomans. Mais il est aussi vrai qu’avant sa reddition en 1847, et acculé par des défections en cascades des tribus qui l‘avaient soutenu, il avait adressé un message au sultan du Maroc pour lui proposer une forme d’annexion des territoires qu’il contrôlait. Ce dernier déclina l’offre, redoutant de déclencher un conflit ouvert avec l’armée française. Après ce refus, la même proposition fut faite au Dey de Tunis qui lui opposa une réponse tout aussi négative. Ce sont là des faits historiques irréfutables et nous devrions être en mesure d’en discuter tranquillement.
Faut-il emprisonner un écrivain et l’accuser de trahison ou d’atteinte à l’unité nationale au motif qu’il a émis des propos non conformes à la vérité historique ? Si tel devait être le cas, l’antikabylisme de Madame Naima Salhi - à sa décharge, elle n’est pas écrivain-, celui de l’islamiste mythomane Hachemi Djaboub* et de beaucoup d’autres, construit sur des approches politiques et doctrinales fantasmagoriques, les auraient déjà conduits en prison ou, au minimum, provoqué la saisine du parquet. On sait qu’il n’en a rien été. On se souvient, en revanche, de la célérité avec laquelle la justice a fait écho à une plainte déposée par deux inconnus islamistes de Bel Abbes contre l’islamologue Said Djabelkheir qui fut condamné en première instance à trois ans de prison ferme « pour offense à l’islam » avant d’être relaxé en appel.
Les contre-vérités proférées et répétées sur des faits historiques précis constituent, hélas, une bonne partie des artifices structurant le discours des pouvoirs qui se sont succédé depuis 1962. A ce jour, le congrès de la Soummam est mis sous embargo et aucune source étatique n’accepte de dire que Abane a été assassiné par ses pairs. Nul responsable n’a avoué ou condamné la séquestration des ossements d’Amirouche et de Haoues par le colonel Boumediène. Pour avoir donné la parole dans un livre** à des militants qui ont enduré dans le silence cette ignominie, j’ai été l’objet d’une campagne acharnée de la part du MALG pendant une année. La seule bataille militaire livrée par Boumediène, ancien chef d’état-major, toujours décrit comme l’artisan de l’État et de la nation, fut celle qu’il avait engagée contre les maquis de l’intérieur durant l’été 1962, après la proclamation de l’indépendance ; affrontements qui firent 1009 victimes parmi les résistants ayant survécu au rouleau compresseur de l’armée française. Cette vérité confessée par les combattants des wilayates est toujours un tabou. La badissiya-novembriya, concept antinomique s’il en est, est une insulte à l’éthique et la crédibilité de la lutte menée pour notre indépendance. Les Oulémas qui ont rejoint le FLN en 1956 ont formellement et publiquement condamné les initiateurs de l’insurrection du premier novembre. Les agents qui vivent de cette imposture ont pignon sur rue et squattent les plateaux des télévisions publiques et privées, lesquelles distillent en toute impunité, mensonges et, en certaines occasions, incitations au meurtre. Au passage, les chaines privées, dont les lignes éditoriales sont toutes d’obédience islamiste, activent dans l’illégalité. On sait le sort réservé aux médias républicains dont les statuts étaient en parfaite conformité avec la loi. Liberté, et Radio M ont disparu et El Watan a fini par céder devant les pressions le sommant de renoncer au professionnalisme qui avait fait sa réputation. La volonté d’étouffer tout vecteur médiatique contestant le mensonge d’État est une stratégie. Dans les années 90, les islamistes renièrent hymne et drapeau nationaux. On peut aussi relever l’incohérence de Ben Bella qui répéta à trois reprises en 1962 : « nous sommes arabes ! » Cette saillie entraina une stigmatisation des amazighophones qui vécurent longtemps comme des sous-citoyens. La réticence de Messali à l’idée d’une mémoire algérienne antérieure au VIIe siècle fut le prélude à des purges dont les conséquences minent toujours notre société. La régence turque qui excluait l’Algérien de toute responsabilité régalienne est encore présentée comme une autorité dirigeant l’administration d’un État national.
La liste des viols de l’histoire, couverts voire assumés par des structures officielles, est, hélas, longue.
Pourquoi ces dérives n’ont-elles pas fait l’objet de sanctions ou, au moins, de mises au point de la part des pouvoirs publics afin d’éviter qu’elles ne contaminent le champ institutionnel ? Personnellement, je n’ai jamais demandé à ce que leurs auteurs soient muselés ni réprimés. J’ai répondu à ces amputations ou pollutions mémorielles par des écrits argumentés que j’ai exposés dans mes mémoires avec pour seul souci l’invitation à nourrir le débat.
La violence suscitée par les officines du pouvoir contre Sansal est d’autant plus inadmissible qu’elle épargne ou légitime des slogans propagandistes autrement plus préjudiciables pour l’avenir de nos populations. Mais ce qui pose le plus problème, ce sont les lynchages venant de braves citoyens conditionnés par les tenants du nationalisme de la vingt-cinquième heure, dans la mesure où ils révèlent l‘ampleur du conditionnement des mentalités. Ce suivisme constitue l’une des plus grandes victoires de l’islamo-conservatisme, principal levier d’influence sociétale du système FLN. Le silence des universitaires, notamment les historiens, qu’ils soient dans le pays ou la diaspora, devant ce procès en sorcellerie est tout aussi inquiétant.
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Les élites algériennes sont globalement dépendantes des normes et standards par lesquels les universitaires et les médias socialistes français ont catalogué notre histoire contemporaine. Et l’indigène qui ne se soumet pas à ces diktats est aussitôt affecté aux marges de l’indignité de l’extrême droite ; un terrorisme médiatique qui veut transformer en résidu fasciste tout Algérien libre. Au fond, il y a, dans ce refus de toute forme d’autonomie intellectuelle de nos compatriotes, un racisme en creux qui n’a rien à envier à celui des nostalgiques de l’Algérie française. Et cette assignation à l’immaturité éternelle de l’autochtone fonctionne puisqu’elle détermine l’expression d’une majorité d’experts, de journalistes ou de politiques algériens.
Pourtant, à y regarder de près, rien ne justifie cette soumission. Le positionnement des socialistes français sur l’Algérie est marqué par la constance du cynisme et de l’équivoque. Mitterrand, alors ministre de l’intérieur, déclara à Batna en novembre 1954 que « la seule réponse à la rébellion c’est la guerre. » Nommé ministre de la justice, il refusa toutes les grâces introduites en faveur des militants du FLN condamnés à mort . Les pouvoirs spéciaux votés en 1956, le soutien sans faille apporté au FLN d’après-guerre devenue une oligarchie militaire, la complaisance affichée à l’endroit de l’islamisme quand, après octobre 1988, il fallut changer de fusil d’épaule, caractérisent un opportunisme où le destin de la communauté algérienne fut la variable d’ajustement dans un négoce politique où les démocrates furent toujours sacrifiés. Autant de méfaits qui n’ont pas décillé les yeux de nos élites, toujours obnubilées par une tutelle qui ne laisse aucune place à une existence intellectuelle conçue de l’intérieur par un peuple auquel il faut, par principe, pour toujours et pour son bien, dénier l’indépendance d’esprit.
Oui, il y a une prétention française à définir notre passé et maitriser notre futur mais elle n’est pas celle que dénoncent les donquichotes de la victimisation tiers-mondiste. Cette domestication met les francophones algériens sur la défensive devant les islamistes parce que les premiers n’ont pas assumé notre identité plurielle, laquelle est le résultat de tous les sédiments sociologiques et culturels de notre vécu collectif avec ses infortunes et ses acquis. Cela ne fait pas plaisir mais il faut toujours le rappeler : la déclaration du premier novembre et la plate-forme de la Soummam furent rédigées en français. Le monopole linguistique doit être dépassé. Pour le bien de tous.
Ce ne sont pas nos frontières qui sont menacées mais notre droit à lire et comprendre notre propre histoire. La mainmise sur notre mémoire est-elle moins dangereuse qu’une hypothétique amputation de nos territoires ? La question mérite d’être posée.
Le cas Sansal révèle notre incapacité à débattre sereinement de notre société et nous libérer d’une aliénation imposée par les instances socialistes françaises qui ont préempté notre libre arbitre pendant que l’extrême droite nous diabolise. Puissent cette censure interne et les interférences externes ouvrir les yeux et les mentalités pour que prévalent enfin la sérénité et la tolérance. L’Algérien regardera alors son passé avec lucidité et courage ; une condition pour s’émanciper à la fois d’une gauche française - dont la politique algérienne fut, de tout temps, le soutien de la corde au pendu - et des xénophobies droitières.
*J’invite Hachemi Djaboub qui martèle, toute honte bue et à longueur d’émissions, que j’aurais été exclu du RCD à visionner la vidéo du congrès où j’ai fait part de ma volonté de quitter la présidence du parti après avoir obtenu le quitus moral, politique et financier. Une première dans les annales de la vie politique algérienne. 3200 congressistes se levèrent pour protester , en vain, contre ma décision. Je sais que les images qui démentent catégoriquement ses allégations ne serviront à rien. L’islamiste, c’est bien connu, ne se soumet à aucune contrainte morale. S’il tue c’est pour éliminer un infidèle, s’il vole c’est pour appauvrir un mécréant et s’il ment c’est pour valider son point de vue qui, évidemment, ne souffre d’aucune discussion. L’islamiste en général nie l’existence de l’autre. Quand il est mâtiné d’antikabylisme, il rend son cas désespéré.
**Amirouche une vie deux morts, un testament, livre publié à compte d’auteur en 2010
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