"Israél , Boualem Sensal et les chiens de garde" par Amar Inagrachen le 15-7-2023 ( Facebook) .

A chaque fois que l'écrivain de Boumerdès – et qui y vit toujours – obtient un prix, certains chiens de garde se mobilisent pour faire croire que cela n'est pas dû à son talent littéraire mais à des allégeances compromettantes. Sa réception du prix Constantinople vient confirmer ce conditionnement. En effet, un certain Khaled Satour et quelques-uns de ses « fans », la mauvaise foi chevillé au cerveau, tente de discréditer l’écrivain Boualem Sansal en lui inventant des filiations intellectuelles douteuses et en essayant de le faire passer pour un « vendu » parce qu’il a osé mettre en débat la question du rapport à Israël et sortir des rangs de la bien-pensance tiers-mondiste. Et sa preuve la plus irréfutable – à ses yeux évidemment- serait le voyage de Boualem Sansal en Israël. Quelques précisions.

1-Le débat sur la question palestinienne n’est pas clos et chacun, de surcroît quand il s’agit d’intellectuels, est libre de donner son avis et même de cultiver une dissidence.

2-Si l’Algérie refuse officiellement de reconnaître Israël, il faut rappeler que la Palestine – la seule vraie concernée par cette affaire en premier lieu – reconnait officiellement Israël depuis 1988 et cette reconnaissance a été prononcée à … Alger. En effet, le 15 novembre 1988, le Conseil National Palestinien (CNP) s’est réuni à Alger et a proclamé l’État palestinien indépendant et a reconnu les résolutions 242 et 338. La reconnaissance de ces deux résolutions est une reconnaissance claire, nette et indiscutable de l’État d’Israël.

3-L’Algérie, voulant se montrer plus royaliste que le roi, ne veut pas faire le pas que les Palestiniens eux-mêmes ont fait à Alger. Cet excès de zèle sert naturellement à embourber d’illusions révolutionnaires tiers-mondistes les esprits paresseux et vénaux et, surtout, les âmes boiteuses.

4-Parmi ceux qui alimentent une certaines radicalité dans leur hostilité à l’égard d’Israël, il y en a sans doute qui le font de bonne foi mais ils oublient que leurs positions prolongent le conflit et que les victimes de ce conflit ne sont en définitive que des Palestiniens. Par conséquent, le plus grand service que ces humanistes de la 25e heure peuvent rendre aux Palestiniens est de se mettre derrière eux et de faire, au mieux, comme eux.

5-Le principal parti qui rejette la solution de paix en Palestine est le Hamas. Or, le Hamas, quand on lit le livre « Le Grand aveuglement » de Charles Enderlin, on comprend qu’il a été créé par Israël.

6-Quand Boualem Sansal a été invité en Israël, il a d’abord demandé son avis à l’ancien ministre palestinien des Affaires étrangères, Nabil Chahat, qui a vécu et fait fortune en Algérie, et c’est ce dernier qui l’a encouragé à y aller. De plus, Boualem Sansal a posé une condition : « Si je viens en Israël, je dois aller aussi en Palestine ». Les Israéliens ont accepté et une conférence a été prévue pour Sansal à l’université de Rammallah. Pourquoi cette conférence ne s’est pas tenue ? Parce que le Hamas palestinien, suivi par le Hamas algérien (Le MSP), ont remué cette et terre pour que cette rencontre n’ait pas lieu.

À travers ces quelques éléments, je veux simplement dire que Boualem Sansal est un intellectuel courageux, qui ose douter de tout, questionner tout et mettre en débat tout et qui n’a pas oublié que la période du parti unique et de la pensée unique est révolu. Ceux qui pensent que les Algériens doivent tous penser de la même manière quand il s’agit des Juifs, d’Israël et de la Palestine sont les apôtres d’un totalitarisme dont on voit déjà les prémices et que l’on rejette dans le fond et dans la forme, surtout que la position algérienne sur ces questions n’a jamais été discutée ni validée par les Algériens. Je suis de tout cœur avec Boualem Sansal et avec tous ceux et toutes celles qui doutent de tout et qui questionnent tout. Quant aux chiens de garde du tiers-mondisme stérile et stérilisant, je les combattrai jusqu’à la fin de mes jours.