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Texte fondateur du Mouvement Double Rupture
La révolution populaire de février 2019 est une forme d’action inédite par son côté pacifique. Le peuple a exprimé dans sa globalité et dans toutes les régions d’Algérie, son rejet total du système politique corrompu, dictateur et liberticide. Les algériennes et les algériens étaient unanimes : le système, représenté par les militaires nostalgiques du parti unique, ses représentations politiques illégitimes, dont le chef de l’État et ses ministres, ainsi que les organisations patronales oligarques, doit dégager afin de laisser asseoir une démocratie et un État pluriel, de liberté, de droit et de justice sociale.
Le rêve de l’Algérie plurielle et de progrès, ouverte sur le monde, était devenu possible.
Des rassemblements et des marches spontanés ont été organisés dans toutes les villes d’Algérie. Des rencontres et des débats riches, autour du projet du changement du système, pour le principe de la liberté d’expression et pour le respect de toutes les opinions, ont été initiés. Ces rassemblements étaient marqués par la forte présence des jeunes femmes et hommes, connectés entre eux et au monde par l’usage des réseaux sociaux et leur maîtrise des nouveaux outils de communication.
Les algériennes et les algériens se sont affirmés dans leurs individualités, optant pour l’horizontalité du mouvement et rejetant les partis politiques ainsi que les institutions officielles et leur agenda, notamment électoraliste.
Nous, militantes et militants du projet démocratique, laïque et progressiste, avons observé au sein de la révolution populaire en cours une cohabitation pacifique entre deux tendances, la première, démocratique, usant d’un populisme outrancier et, une autre qui se revendique d’un islamisme politique assumé.
L’ensemble de ces regroupements dits révolutionnaires s'entremêlent et se fondent les uns dans les autres derrière le vaste slogan de «Khawa-khawa», dépourvu de tout contenu politique qui doit aller dans le sens de la rupture radicale avec le système et ses alliés.
Cette alliance a étouffé toute forme d’émancipation dans le mouvement populaire et freiné son évolution, ce qui a empêché l’émergence d’un débat national autour du projet politique de l’Algérie de demain et d’une organisation populaire qui permettra au mouvement de se doter d’outils politiques et devenir enfin, un réel contre-pouvoir et une force de proposition.
Cette alliance voulait également dédouaner les islamistes de leurs crimes, eux qui essayent d’imputer la responsabilité de la Décennie Noire aux seuls militaires et aux institutions de l’État. Cette alliance engendre, ainsi, l’amnésie générale de la société, ce qui ouvre la voie aux assassins d’hier de revenir au-devant de la scène politique et, pourquoi pas, prendre le pouvoir.
Durant la même période, le pouvoir militaire, comme à l’accoutumée, n’a trouvé d’autres échappatoires que d’opter pour la politique de la terre brûlée afin de garder ses intérêts au sein du système. Diviser pour mieux régner était sa stratégie en instrumentalisant y compris les institutions de l’État, dans des campagnes haineuses et racistes contre la culture et l’emblème Amazigh et, la Kabylie, berceau des luttes démocratiques en Algérie.
L’implication primordiale de la Kabylie dans le mouvement populaire a fait plus que mal au système qui craint une mobilisation qualitative dans le mouvement populaire ou une conjonction des régions qui leur permettrait de profiter de sa riche expérience en matière de combat pour le projet démocratique en Algérie.
Ces plans machiavéliques qui se rejoignent en réalité, comme ce fut le cas dans le passé, avaient pour objectif d’empêcher le mouvement populaire d'emprunter la voie révolutionnaire dans sa quête de la démocratie, en coupant court avec les alliés du passé qui ont conjointement déjoué le projet de l’Algérie démocratique, progressiste et moderne pour laquelle des générations se sont battues et sacrifiées.
Mouvement Double Rupture a surgi dans ce contexte pour dire :
Non au populisme qui freine tout débat national sur l’Algérie post-révolution, les questions essentielles telles que la définition d’un État civil, la démocratie avec ses valeurs et principes et, les luttes démocratiques pour l’égalité entre les femmes et les hommes, la place des minorités dans la société et la séparation du religieux du politique.
Non à la nouvelle matrice islamiste, non respectueuse des principes et valeurs démocratiques et des institutions de l’État, instigatrice des campagnes de diabolisation contre le projet démocratique et progressiste et, les militantes et les militants qui portent en elles et en eux ce projet édifiant pour l’Algérie de demain.
Non à ce mouvement obscurantiste au nouveau visage qui use de toutes ses forces et moyens pour entraîner l’Algérie vers le chaos et qui tente de l’offrir sur un plateau d’argent au mouvement international des Frères Musulmans, à l'image de la Tunisie, de l'Égypte et de la Libye.
Non à la dépolitisation du mouvement populaire (Hirak).
Non au dédouanement des islamistes de leurs crimes.
Non à l’alliance militaro-islamiste et populiste qui travaille contre le projet démocratique et progressiste et qui tente d’empêcher l’émancipation de la société, la réflexion dans le mouvement et l’aboutissement du projet démocratique en Algérie. Cette même alliance qui a permis aux dictateurs militaires de demeurer au pouvoir, en amnistiant les terroristes et les islamistes des années 1990, au détriment des sacrifices du peuple et de ceux et celles qui ont sacrifié leurs vies et versé leur sang pour la sauvegarde de la République.
Oui pour un débat national autour d’un projet consensuel dont la seule condition est l’ensemble des principes et valeurs démocratiques universelles, que nous désignons par «Préalables de la démocratie».
Oui pour une rupture radicale avec le système, ses alliés et toutes celles et tous ceux qui œuvrent contre le projet démocratique en Algérie.
Oui pour une justice transitionnelle qui permettra de régler dans le cadre d’un État de droit et d’une justice indépendante, les questions en suspens liées aux crimes d’État et au terrorisme islamiste.
Oui pour une transition démocratique qui prendra le temps qu’il faudra et durant laquelle la société, dont les partis politiques, les associations, les organisations et les syndicats seront amenés à s’organiser et faire leurs sensibilisations et campagnes de proximité afin de préparer le pays à d’éventuelles échéances dans l’Algérie post-révolution.
Oui pour une conférence nationale autour d’une nouvelle Constitution de l’Algérie post-révolution, menée non par des représentants factices ou impliqués dans la faillite du pays et dans le terrorisme islamiste mais, par l’ensemble des franges de la société et des mouvements issus de la révolution : travailleurs, médecins, chômeurs, partis démocratiques, associations, organisations, syndicats, personnalités politiques et publiques, journalistes, avocats, défenseurs des droits humains etc. L’implication dans ce processus de l’ensemble de ces forces vives est l’unique moyen à nos yeux, susceptible de permettre à toute citoyenne et tout citoyen de se défendre et d’avoir sa place dans l’Algérie nouvelle.
Oui pour la convergence des luttes comme moyen de réussite du débat, de l’organisation et de la transition.
Les préalables de la démocratie :
1. Égalité entre les femmes et les hommes et entre toutes les citoyennes et tous les citoyens
2. Liberté de conscience et liberté d’exercer son culte
3. Séparation entre les domaines politique et religieux et entre les domaines politique et militaire
4. Garantie des libertés individuelles et collectives et consécration de la citoyenneté
5. Laïcité de l’État, des institutions, de l’administration et des programmes scolaires et universitaires
6. Respect de la différence et des minorités, ainsi que leur émancipation dans la société
7. Indépendance de la justice et séparation entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire
8. Garantie des libertés d’expression, de la presse, d’informer et d’accès à l’information
9. Liberté d’organisation politique, syndicale et associative et celle de réunion et d’occupation de l’espace public
10. Épanouissement des cultures, des langues et des traditions des différentes régions d’Algérie
11. Réconcilier les algériennes et les algériens avec leur histoire plusieurs fois millénaire, leurs cultures et identités Amazigh, Africaine et Méditerranéenne et, la dimension universelle de leurs valeurs
12. Consécration de la justice sociale et la répartition équitable des richesses, avec l’implication du sud et des régions enclavées du pays dans le processus de transition démocratique
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