Leçons d'une Solidarité : Said Sadi le 07/11/2019.

7 Novembre 2019

Dans l’impossibilité de répondre à toutes celles et ceux qui m’ont adressé des messages de soutien ou posté des écrits pour dénoncer les deux intégristes qui m’ont provoqué pendant quarante minutes à Marseille samedi passé, je réponds ici pour leur exprimer ma gratitude et, surtout, la satisfaction de voir que, de plus en plus, l’Algérien se bat contre l’imposture, même s’il n’est pas personnellement concerné.

La confirmation de la vigilance citoyenne est la première leçon à saluer dans cette scabreuse affaire. Le deuxième enseignement est qu’il ne faut jamais laisser passer ce genre de forfait. La provocation politique se nourrit du laxisme ou de la complicité des autorités, de la peur ou de la lassitude des victimes et de sa banalisation sociale. Si ces deux imposteurs se sont permis de commettre leur méfait sur une personne publique, on peut deviner ce qu’ils s’autorisent dans la rue, les cages d’escaliers ou même sur leur lieu de travail avec des anonymes qui leur résistent, notamment ceux de sexe féminin.

Ce n’est donc pas pour me défendre ou me protéger à titre personnel que j’ai immédiatement déposé plainte contre des mensonges déjà condamnés par la justice. Encourager les citoyens à réagir aux agressions, toutes les agressions, des miliciens de la dictature fait partie de notre combat. En effet, il ne faut jamais oublier que le militarisme et l’intégrisme, partageant l’absolutisme, se nourrissent l’un l’autre. Ils sont les deux mâchoires d’une même tenaille.

Avec la situation qui prévaut dans le pays et suite à mes prises de position, la provocation était prévisible. Je savais aussi que les médias parapublics, dont chacun sait que les lignes éditoriales sont dictées par les officines des services spéciaux, allaient relayer l’opération en live. Mauvais élèves de l’Histoire, les débris du défunt KGB n’ont pas encore compris que ces manœuvres pouvaient leur être contre-productives.

Depuis hier, le deuxième élément du « couple » d’agresseurs est identifié. Il s’appelle Moungi Rouaiguia, sicaire intégriste mystérieusement sorti d’Algérie.

Il ne faut rien laisser passer à ces agents et il est bon qu’ils soient démasqués devant l’opinion publique. Mais une fois l’identification et la condamnation faites, il ne faut pas, non plus, trop se focaliser sur leurs agitations car leur objectif est précisément de faire diversion sur la révolution démocratique en cours pour y semer des divisions. Dans ces situations, notre réaction doit être la même : avant de tomber dans la poubelle de l’Histoire, les délinquants politiques doivent passer par les tribunaux. C’est ce qui sera fait cette fois encore.

Pour le reste, notre combat premier, ne doit jamais être perdu de vue. L’objectif du moment est de continuer à animer et faire vivre la révolution citoyenne du 22 février par tous les moyens pour instaurer enfin « l’ Etat civil et non militaire » qu’un système oligarchique qui a ruiné le pays veut enterrer par le coup de force du 12 décembre. C’est d’abord cette urgence qui doit occuper nos énergies et c’est à cela que je m’emploie sur la scène nationale comme à l’étranger où le déficit de communication réduit drastiquement la compréhension et la portée de la révolution.

Dernière remarque: si la police politique n’a plus que des individus de cet acabit à mobiliser, c’est plutôt bon signe pour l’Algérie nouvelle.

Le 07 novembre 2019.