" Le Canada est, pour l’heure, le seul pays ......" Said Sadi
15 Juillet 2019
Le Canada est, pour l’heure, le seul pays à avoir publiquement apporté son soutien à la révolution citoyenne algérienne. Ses parlementaires alertent leur gouvernement sur l’afflux d’argent algérien douteux vers leur pays. Unique, cette attitude mérite d’être notée et saluée par les Algériens.
Par ailleurs, la diaspora qui accompagne les manifestations qui rythment la rue algérienne peut être un amplificateur important de la révolution si elle est bien avertie des enjeux et des missions qui peuvent être les siennes dans cette nouvelle séquence historique.
SYNOPSIS CONFÉRENCE DE MONTRÉAL
Algérie : « Révolution inédite ou réveil de l’Histoire ? ».
Une révolution pacifique rassemblant générations, régions et opinions marque la vie algérienne depuis le 22 février.
Dans l’Histoire contemporaine algérienne, c’est la première fois qu’une contestation massive, générale et durable prend une forme pacifique. La violence physique et symbolique a, en effet, toujours caractérisé les luttes politiques. C’est avec l’insurrection du printemps berbère d’avril 80 que le pays découvre la notion de combat pacifique. Pendant une quarantaine d’années, cette forme de protestation restera limitée à la seule région de Kabylie. Dans les années 90, l’islamisme renouera avec les déchaînements qui ciblent essentiellement les populations civiles. La réaction de l’armée ne sera pas en reste et l’Algérie connaîtra alors l’une des plus sanglantes périodes de sa vie de jeune nation.
Le caractère pacifique de la révolution en cours est-il une pérennisation de la pédagogie initiée par les militants du mouvement culturel berbère ou traduit-il une volonté d’exorciser les violences des années noires ?
Sur le fond, les slogans scandés par la foule en faveur d’un Etat démocratique et social et la dénonciation de l’intrusion de l’armée font écho à la primauté du politique sur le militaire prônée en pleine guerre de libération par le premier congrès du FLN en Août 1956 avant que la faction islamo-populiste, aidée par des puissances extérieures dont on retrouve aujourd’hui les immixtions sur la scène algérienne, ne fasse avorter le projet d’un état civil.
La réplique de l’Histoire sera-t-elle suivie par un débat à la mesure des enjeux contrariés il y a plus de soixante ans de cela ?
De la réponse à ces questions dépend en grande partie la suite de l’insurrection citoyenne algérienne.
Malgré les menaces et les répressions conduites par le chef d’état major, en dépit de manœuvres de division récurrentes, le mouvement populaire qui bouleverse la vie publique algérienne ne s’essouffle pas.
Si la dynamique qui implique l’ensemble des catégories sociales ne faiblit pas, elle n’a pas pu encore produire des cadres où elle peut faire valoir ses revendications dont le rejet du régime militaire n’est pas des moindres.
Une partie de ce retard s’explique par le caractère inattendu de la révolution. Il reste que la lecture faite par une partie de la classe politique est en déphasage complet avec les demandes de la rue.
Aux demandes « système dégage » qui appellent à une mise à plat générale des enjeux répondent des initiatives de factions plus ou moins détachées du pouvoir qui visent à des accommodement claniques limitant le changement à l’élimination du régime Bouteflika. Or la crise n’est pas la conséquence de l’échec d’un pouvoir mais la faillite de la militarisation de la cité algérienne par un système qui a confisqué l’indépendance du pays en 1962.
La rupture exigée par le citoyen ne peut s’accomplir que dans une auto-organisation rendue impérative par la vacuité constitutionnelle dans laquelle le chef de l’Etat-major de l’armée a mis la nation depuis le 9 juillet.