23 Août 2017
Lors de la conférence animée, hier, à la salle des sports de la commune d’Ath Leksar à Bouira, le professeur Abdelmadjid Merdaci a décortiqué les différentes étapes de la Révolution algérienne.
Sur invitation de l’association culturelle Tagharma et devant un parterre de jeunes, le professeur Merdaci s’est étalé sur ce qu’il considère être “les haltes historiques” ayant marqué le soulèvement armé du peuple algérien. Ces haltes ayant apporté un changement radical dans la vision de l’avenir de la Révolution et son organisation. “Le Congrès de la Soummam était un tournant décisif dans la Révolution algérienne où ont été posés les jalons de l’organisation de cette Révolution et son organisation. Une organisation politique avec l’adoption de la suprématie du politique sur le militaire et une autre militaire, avec l’instauration des grades en octroyant le grade de colonel aux chefs de régions et le grade de commandant aux adjoints”, a-t-il dit.
Pour lui, “la plateforme de la Soummam, contrairement à ce qui se dit, s’est inspirée de la proclamation du 1er Novembre 1954. Une Révolution déclenchée pour la libération du pays avec comme dénominateur commun, l’unité nationale, sans aucune référence religieuse”, ajoutant plus loin que lors du congrès, “il y avait des débats chauds notamment entre Abane Ramdane et Zighoud Youcef, et ce, sur plusieurs points de discorde, mais à la fin, la plateforme a été approuvée à l’unanimité”. Il a ajouté que durant ce congrès, “Abane a interprété et mis en œuvre les proclamations du 1er Novembre. Il s’est caractérisé par l’intégration des membres du PPA- MTLD, les centralistes (Dahleb et Benkhedda) et mis en place des structures telles que le CCE et le CNRA”. Pour ce qui est du socle du régime actuel, le conférencier a estimé qu’“il a été mis en place lors de la tenue de la rencontre du CNRA en août 1957 en Égypte, où les résolutions de la Soummam ont été effacées de la mémoire par le régime en place”, car, “il a éradiqué le socle de la Soummam par le vote d’une résolution qui stipule que tous les militants en uniforme ou non sont égaux ; donc plus de suprématie du politique sur le militaire et aucune distinction entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur”. Pour ce qui est de la direction, c’est un grand changement au niveau du CCE composé de 5 membres lors du Congrès de la Soummam qui est passé à 12 avec seulement trois politiques (Lamine Debaghine, Ferhat Abbas et Abdelhamid Mehri).
Cette nouvelle approche a créé, selon l’orateur, un clivage, pas entre les politiques et les maquisards mais, le procès fait au membre du CCE est lié au fait qu’ils n’étaient pas associés à l’insurrection du 1er Novembre 1954. “Ainsi, enchaîne le conférencier, Abane, mis en minorité politique, est accusé d’être contre les maquisards. Bien que toujours membre du CCE, il n’avait aucun pouvoir de décision.” “Cette nouvelle approche avait conduit à l’assassinat d’Abane”. M. Merdaci a estimé que les conflits qui se sont succédé après l’Indépendance ont pour origine la gestion du pays sur la base des clivages. Il a souligné qu’actuellement, les conflits en Algérie se règlent par l’autoritarisme militaire ou politique, considérant que “l’autoritarisme algérien est né au Caire en 1957”.
A. DEBBACHE