7 Janvier 2017
Étymologiquement le mot Yennayer est formé de Yen qui veut dire premier et de Ayer qui veut dire mois. Yennayer est donc le premier mois de l’année dans le calendrier amazigh.
Les Amazighs, comme tous les peuples du monde, avaient besoin d'un calendrier pour gérer le temps et organiser leur vie. En Afrique du Nord, on enregistre la présence de quatre calendriers.
Le calendrier amazigh ou agricole qui est solaire, le calendrier hébraïque (pour les juifs marocains), il est à la fois lunaire et solaire, le calendrier grégorien qui est solaire et enfin le calendrier hégirien (arabo-musulman) qui est lunaire. Beaucoup s’accordent à dire que le calendrier amazigh souffre encore de l'absence d’études scientifiques approfondies.
Tout ce qu'on connaît aujourd'hui est préservé dans la littérature orale transmise par les Amazighs de père en fils. Que signifie Yennayer ? Étymologiquement le mot Yennayer est formé de Yen qui veut dire premier et de Ayer qui veut dire mois. Yennayer est donc le premier mois de l’année dans le calendrier amazigh. Amenzou n’yennayer, le jour de l’an amazigh coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien.
L’avènement de Yennayer de l’an 951 avant Jésus-Christ du calendrier grégorien correspond à un événement politique de portée incommensurable pour les Imazighen. Nombreux dans les différentes armées des pharaons, les Imazighen allaient peu à peu s’affirmer et influencer rois et pharaons.
C’est ainsi qu’ils réussirent à arracher leur droit à observer leurs propres rites comme les cultes funéraires, pratiques spirituelles d’importance capitale à l’époque. Il en fut une qui ne pouvait passer inaperçue, le rite funéraire organisé à la mort de Namart, père de Sheshonq I qui allait bientôt être le fondateur de la XXIIe dynastie pharaonique. En effet, en l’an 950 av. J.-C., à la mort du pharaon Psoussenes II, un Amazigh répondant au nom de Sheshnaq accède au statut de pharaon d’Égypte en soumettant tout le Delta du Nil, ainsi que la grande prêtrise égyptienne sous son autorité, et fonda sa capitale à Bubastis. Auparavant, Chechnaq I régnait sur un territoire allant de la partie orientale de la Libye actuelle jusqu’au delta du Nil.
Il régna sur l’Égypte en tant que pharaon de 950 jusqu’à 929 av. J.-C.. Soucieux de respecter la tradition pharaonique, son fils épousa la princesse Makara, fille du défunt Pssossenes II. En commémorant cet événement, Yennayer devient également le symbole des retrouvailles entre les Imazighen et leur histoire plusieurs fois millénaire, de laquelle ils ont été injustement spoliés depuis maintenant deux millénaires.
La célébration de Yennayer pour les Imazighen, est d’abord une porte qui s’ouvre sur le nouvel an et appelée tabwurt usseggwass (la porte de l’année). Sa célébration s’explique par l’importance accordée aux rites et aux superstitions de l’époque dont certaines subsistent encore de nos jours.
La période en question attire particulièrement l’attention car la saison correspond à l’approche de la rupture des provisions gardées pour l’hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites.
À cette époque de l’année, le rite doit symboliser la richesse. Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux. On obéit également aux lois rituelles telles que le sacrifice d’un animal (assfel) au seuil de l’année, comme on le fait encore de nos jours sur les fondations d’une nouvelle bâtisse.
Le rituel assfel symbolise l’expulsion des forces et des esprits maléfiques pour faire place aux esprits bénéfiques qui vont nous soutenir l’année durant. Si les moyens le permettent, seront sacrifiés autant de bêtes qu’il y a de membres de famille. La tradition a retenu le sacrifice d’un coq par homme.
Le nouvel an amazigh est souvent caractérisé par la manière de le fêter et de l’accueillir. Il est conçu comme un renouvellement, une initiation à un nouveau cycle temporel. On le désigne par différents termes tels : Id’ n Yennayer (la nuit de janvier) ou tagwella ou imenssi n Yennayer (la bouillie de janvier).
Suite à l’introduction des autres calendriers dans la société amazighe, on le distingue souvent par aseggwas bwakal (l’an de la terre), ou Yennayer bwakal (janvier de la terre), par rapport à asseggwas n Ir’umyen l’an des Romains (calendrier grégorien) et asseggwas n igenwan l’an des Cieux (calendrier musulman). En certains endroits de l'Afrique du Nord, on prépare souvent une bouillie contenant le noyau de datte ou d’un autre fruit et pour les autres régions une fève.
Ainsi, toute la famille se réunit autour de ce plat pour célébrer la nouvelle année; celui qui trouvera le noyau de datte ou la fève est chanceux. Le noyau de datte ou la fève portent bonheur (symbole d’une année joyeuse et prospère). Dans certaines régions de Tamazgha, la célébration de Yennayer dure jusqu’à trois jours. Chaque jour on y prépare un plat différent : le premier jour, on y prépare la bouillie, le deuxième jour le couscous aux sept légumes et le troisième jour, on y prépare des poulets ou inversement.
BOUHAMAM AREZKI